Brisons les murs de la peur.
La dictature ne se contente pas de contrôler les corps, les rues, les institutions. Son véritable triomphe est ailleurs : elle colonise l’imaginaire. Elle s’installe dans les rêves, dans les peurs, dans les mots mêmes que l’on utilise pour penser. Elle façonne les limites de ce qui est dicible et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est pensable et de ce qui devient impensable.
Elle colonise l’imaginaire lorsqu’elle impose ses symboles jusque dans les foyers, ses portraits dans les écoles, ses slogans dans les conversations quotidiennes. Elle colonise l’imaginaire lorsqu’elle fait croire qu’il n’existe pas d’alternative, que l’histoire est close, que l’avenir ne peut être qu’une répétition du présent.
Elle colonise l’imaginaire en transformant la peur en réflexe, en inculquant la prudence comme vertu, en faisant de l’autocensure une seconde nature. Peu à peu, les individus cessent de rêver en dehors des frontières tracées par le pouvoir. Même l’opposition, parfois, pense avec les catégories du régime qu’elle combat.
C’est là la victoire la plus redoutable des tyrannies, non pas seulement d’avoir réduit les peuples au silence, mais d’avoir réduit leur capacité à imaginer autre chose. Car un peuple qui ne peut plus rêver sa liberté est un peuple qui finit par croire qu’il ne la mérite pas.
La dictature colonise l’imaginaire comme une nuit qui s’étend, mais cette nuit n’est jamais totale. Il suffit d’une étincelle, un mot ou un geste, pour rouvrir l’espace du possible. Et c’est dans cette reconquête de l’imaginaire que commence toute véritable libération.
L'équipe com Nidam Djibouti.
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